Tout savoir sur une « balloune » d’un prêt auto

S’acheter une voiture règle la nécessité première de se déplacer librement pour des raisons personnelles et d’accueillir toutes les opportunités professionnelles disponibles. Certains conducteurs canadiens attendent 7 ans pour changer de véhicules. Cependant, d’autres préfèrent changer leur voiture un peu plus tôt pour des raisons diverses et choisissent un prêt auto afin de s’acheter un nouveau véhicule plus performant ou plus grand. Cette option peut se révéler être une erreur, car elle engendre l’équité négative. Que savoir donc à propos de l’équité négative ?  

Tout savoir sur une « balloune » d’un prêt auto
Crédit photo : Shutterstock

Quand parle-t-on d’équité négative sur un prêt auto ?

Concrètement, ce terme désigne la différence constatée entre le reste d’un crédit auto en cours et le prix que vaut cette voiture sur le marché. Lorsque le reste de votre prêt est plus élevé que le prix de la voiture, vous vous trouvez en point d’équité négative. Vous avez donc une dette plus grande que le prix de la nouvelle voiture. C’est là qu’entre en jeu la « balloune » qui désigne le financement de l’achat d’une nouvelle auto et de l’équité négative. 

Il s’agit donc d’un nouveau prêt qui comprend le montant du nouveau véhicule et le restant dû de l’ancien prêt auto. Se trouver dans une balloune financière peut paraître sans risque. Mais une grosse équité négative représente un obstacle à un crédit futur.

Pour prévenir toute situation d’équité négative, le présent graphique explique la dépréciation automobile afin que vous compreniez comment la valeur marchande d’une voiture décroît avec le temps :

Crédit: EspaceAuto Desjardins

Ce graphique illustre la dépréciation d’une voiture achetée sur un prêt à 35 000 $. Sa valeur marchande après 5 ans revient à 15 000 $ puis à 5 000 $, et ce après 8 ans. 

Illustration 

Le présent exemple vous permet de mieux appréhender les impacts de cette dépréciation.

Marc contracte un prêt auto qui s’élève à 20 000 $ pour financer l’achat d’une voiture. Lorsqu’il épousa Sophie, il renégocia le terme du prêt sur une durée de 60 mois et le taux d’intérêt sur 6, 99 %. Ce qui lui donnait 396 $ comme mensualité à payer. Deux ans après cet arrangement, ils eurent un enfant. En conséquence, Marc voulut revendre sa voiture dont le restant du prêt s’élevait à 9 500 $ pour s’offrir un VUS à quatre portières, afin de répondre mieux aux besoins de toute la famille.

Dès qu’il arrive chez son concessionnaire, il constate que sa voiture vaut 6 500 $ et celle qu’il convoite 35 559 $ toutes taxes comprises. Avec le reste de sa créance qui s’élève à 9 500 $. Il fait face à une équité négative de 3 000 $ : une « balloune » sur le nouveau prêt de 35 559 $. Marc affronte donc une dette de 38 559 $ qui regroupe le prix de son auto neuve et la « balloune ». 

En résumé, de 9 500 $, Marc se retrouve avec 38 559 $ comme crédit hormis les intérêts dont le taux à lui accordé est de 4, 99 % soit 2 % plus bas que le précédent. En incluant ces intérêts, la créance de Marc s’élève désormais à 46 845 $. Pour le paiement de dette, il négocie le terme le plus long, soit 90 mois. Il s’engage donc à payer une mensualité de 488 $. 

Avec un salaire qui ne change pas, une charge familiale et les entretiens de la nouvelle voiture, Marc passe de 396 $ à 488 $ comme mensualité à payer sur huit ans : l’achat à un montant élevé d’un bien dont le prix net est plus bas. Et tout cela sans compter la dépréciation continue de son véhicule au bout de ces 8 ans.

Pourquoi faut-il éviter une « balloune » sur le financement de sa voiture ?

Il est peut-être évident que la « balloune » vous permet de disposer d’une nouvelle voiture malgré une dette, mais ses avantages ne se limitent pas à cela. Lorsqu’on se projette sur l’analyse précédente, la voiture de Marc perd sa valeur au fil des années, mais sa dette demeure. S’il devait changer sa voiture avant ces 8 ans, il se retrouverait davantage dans une nouvelle dette plus grande, car une « balloune » généralement entraîne une autre. 

Plusieurs situations imprévisibles peuvent augmenter la dette de Marc :

Premier scénario

Au sous-sol de sa maison, Marc doit effectuer des travaux de rénovation suite à un dégât d’eau. En tenant compte du montant qu’il aura à dépenser, il décide de vendre sa voiture pour éviter de s’endetter davantage. Il se trouve que son VUS a déjà connu une dépréciation importante. La valeur marchande du véhicule étant insuffisante, il sera sous le coup d’une nouvelle créance et sans voiture. 

Deuxième scénario

Marc connait un accident avec sa voiture et son assureur lui rembourse 17 300 $ (pour n’avoir pas prévu de percevoir la valeur à neuf de la voiture). Il roule désormais une voiture qui coûte beaucoup moins que son VUS accidenté, mais il paie toujours une dette de 30 000 $ sur cette dernière. 

En gros, il conduit un véhicule de 17 300 $ qui coûte un VUS en raison d’un accident totalement imprévisible et de la situation d’équité négative.

Troisième scénario

Le VUS sous-compact ne répond plus aux besoins de Marc et de sa famille. Il veut donc la changer contre une voiture plus grande, forcément plus chère. Il devra s’acquitter de son crédit en cours à cause de l’équité négative et enregistrera une nouvelle dette plus importante que la dernière. Ce qui compromet son éligibilité à tout crédit ultérieur.

Que dit la loi sur le financement de l’équité négative ?

Entièrement légale, mais très controversée, l’équité négative selon l’Office de la Protection du consommateur porte sur deux transactions isolées qui cumulent à votre charge une dette sur un véhicule appartenant à l’institution financière à laquelle sont versées vos mensualités.  

Même si l’équité négative entraîne des obligations importantes, vous pouvez bien vous y prendre si vous considérez les implications annoncées dans l’article 148 de la Loi sur la protection des consommateurs que vous expliquera votre concessionnaire. La situation à craindre est le refinancement d’un deuxième prêt auto plus élevé. Vous devez donc murir votre réflexion afin de prendre la meilleure décision.

Comment éviter une situation d’équité négative ?

Si vous désirez éviter de vous retrouver dans une situation d’équité négative, il vous faudra :

  • Opter pour un prêt auto dont les mensualités vous permettent d’anticiper des imprévus. Une voiture de 24 000 $ à payer sur 5 ans avec des mensualités de 450 $ vous aidera mieux. 
  • Payer des avances sur vos dus dès que possible pour réduire les intérêts et le terme. 
  • Choisir le bon moment pour changer votre véhicule et éviter que la valeur de votre voiture soit au-dessus de votre dette restante avant de la vendre. 
  • Revendre votre voiture vous-même. Votre concessionnaire l’achètera moins cher afin d’avoir des bénéfices sur la vente.